La 17ième biennale de l’art contemporain, c’est gratuit et c’est sur Cockatoo Island que ça se passe. Des navettes gratuites font le trajet depuis Circular Quai, nous voilà donc parti par un bel après-midi. C’est aussi l’occasion de faire un tour gratos en mer, de voir l’Opera House sous un angle inédit et de passer sous le Harbour Bridge, impressionnant.
Nous arrivons rapidement à Cockatoo Island. Un silence de mort à peine troublé par les visiteurs qui attendent sur le quai pour repartir. On n’entend pas un oiseau, on a vraiment l’impression de débarquer sur une base militaire soviétique des années 50 laissée à l’abandon. Les baraquements abandonnés s’alignent sur des centaines de mètres et les carcasses rouillées des grues se détachent de l’horizon.
A l’origine Cockatoo Island est une ancienne prison qui a été fermée pour cause d’insalubrité et qui a rouvert quelques années plus tard en temps… qu’école, ou plutôt maison de correction. Ça devait être le bonheur d’étudier dans ces baraquements. On imagine que ces murs referment d’horribles secrets d’enfants maltraités. Enfin, la base a servit de chantier naval. Des photos disséminées le long du parcours témoigne de ce passé.
Les artistes ont su parfaitement prendre possession des lieux pour accentuer cette ambiance malsaine. Extraits.
Première salle, un baraquement en béton aux murs décrépits, une salle nue éclairée au néon, un plancher vermoulu. Au mur, une série de photos en noir en blancs. Les visages torturés et difformes qui s’alignent nous font imaginer qu’il s’agit des anciens habitants des lieux. En entrevoit de la folie dans les regards. Sommes-nous dans un asile ?
Un peu plus tard, nos arrivons dans un funérarium. L’ambiance est feutrée, lumière basse, moquette rouge, nous entrons presque sur la pointe des pieds. Les dépouilles de quelques icônes du communisme sont exposées dans des cercueils de verre : Lenine, Mao, en autres. Fidel Castro est là aussi, couché sur son lit d’hôpital, la poitrine montant et descendant au rythme de sa respiration difficile. Il ne manque plus que l’appareil respiratoire. Nous n’avons pas eu d’explication sur cette œuvre (ni sur les autres), mais on avait un peu l’impression de vivre les dernières heures du communisme.
Dans la pièce suivante, on reste dans le glauque. Des statuettes en bois qui ressemble à des divinités indiennes tranchent des têtes et fond couler le sang à flot. Etrange mais très réussi.
La nuit tombe et rend l’île encore plus inquiétante, nous enchainons les installations au pas de course pour finalement quitter l’île avec la dernière navette.